• Chasseur, cueilleur, parent

    Michaeleen DOUCLEFF est journaliste scientifique amenée à voyager pour explorer des sujets comme le virus Ebola ou une future probable pandémie de coronavirus (en 2017…) Au bord du burnout, elle décide de partir vivre avec sa fille de 3 ans dans des communautés de chasseurs-cueilleurs, ces « cultures qui affutent leurs stratégies éducatives depuis des milliers d’années », pour tenter de comprendre ce qui ne fonctionne plus dans notre façon occidentale (euro-américaine) d’éduquer nos enfants. Alors que nous restons dans des relations fondées sur les conflits et la peur, les parents chasseurs-cueilleurs vivent la coopération et la confiance avec leurs enfants. Comment font-ils ?

    Après un démarrage un peu long, qui tente de définir notre problématique occidentale (une conception éducative autocentrée sur les seules recherches occidentales, une famille nucléaire, une routine parentale qui s’est emballée comme nos boîtes mails, la pression de la performance), on entre au bout de 80 pages dans le vif du sujet avec une plongée dans la culture Maya. A partir de là, l’autrice nous entraine dans une quête passionnante, mêlant le récit de ce qu’elle vit avec sa fille et ses observations, ses découvertes, ses questionnements, les pistes éducatives et concepts qu’elle en tire, étayés par le regard scientifique de professionnels divers (psychologues, ethnopsychiatres…)

    De l’éducation Maya, elle retient la tendre camaraderie, cette facilité qu’ont les parents à associer les enfants dans leurs activités du quotidien, à sortir du contrôle pour favoriser la collaboration. Les parents Hadza en Tanzanie valorisent quant à eux l’autonomie au point de « se donner beaucoup de mal à ne pas dire aux enfants ce qu’ils doivent faire » car ils sont convaincus que l’enfant sait comment apprendre et grandir. Quant aux parents Inuits, « ils ne crient jamais, jamais » car ils s’attendent au comportement inapproprié de l’enfant, c’est dans sa nature, il n’est pas mature !

    Tout au long du livre, elle met aussi le doigt sur ce qui différencie notre modèle de ceux qu’elle explore : la solitude des parents occidentaux. Dans la famille nucléaire, « la mère (et le père) est la seule camarade, seule source d’amour, seul lien social, seul divertissement et seule stimulation ». Ailleurs, elle constate la force de la coopération silencieuse entre adultes au sein de communautés qui partagent les mêmes valeurs éducatives, ce qui permet à l’enfant de trouver des ressources auprès d’autres membres de la famille (oncles, tantes, grands-parents, cousins…), d’amis du couple parental, de voisins parfois…. Si c’est vrai que dans le cas de nos enfants adoptés, certains conseils stéréotypés sont parfois mal appropriés, permettre à l’enfant d’observer d’autres pratiques, de trouver d’autres soutiens est aussi une richesse !

    Alors, si vous ne craignez pas de vous faire bousculer, de questionner vos pratiques parentales, vous aimerez ce livre préfacé par Isabelle Filliozat, qui retrouve ici ses thèmes de prédilection, comme l’autonomie, la gestion des émotions… Michaeleen DOUCLEFF oriente les projecteurs sur des besoins de nos enfants que nous pourrions oublier, nous les parents adoptifs, concentrés que nous pouvons être parfois sur le défi essentiel de (re)créer attachement et sécurité. Elle nous parle de leurs besoins de contribuer, de coopérer, de liberté, de reconnaissance qui pourraient bien renforcer autonomie, confiance et appartenance !

    Chronique parue dans la revue ACCUEIL  n°201 publiée par Enfance et Familles d'adoption.

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